Sans (re)Père

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Derrière un sourire se cache parfois une tristesse. Aujourd’hui, le sourire n’est pas là. C’est vrai que je ne vous montre pas souvent quand le sourire n’est pas présent car j’estime qu’on a tous nos problèmes et que vous n’êtes pas là pour suivre une personne qui se plaint.

Mais je pense aussi que tenir un blog peut servir à ça : vider son sac.

Je vous en avais parlé à coeur ouvert dans l’article « bonne fête des pères à ma mère« . Une lettre ouverte destinée à toi, mon « père », que je n’ai jamais réellement connu, mais surtout destinée à ne jamais être lue par le principal intéressé, justement totalement désintéressé par mon existence. Je t’y avais écrit une lettre forte pour te prouver à quel point ma vie sans toi a été bien meilleure que tout ce qu’on aurait pu imaginer. Et surtout, à quel point tu ne m’as pas manqué. Et tout cela est bien vrai.

Mais avec toute la bonne volonté du monde, tout les sourires  et bien parfois c’est difficile.

Parfois, sans prévenir, telle une fracture mal résorbée qui te pourrit l’existence par périodes plus ou moins espacées et te casse les jambes en plein sprint, ton souvenir revient me hanter et ma carapace vole en éclats.

20 ans que je ne t’ai pas vu. À l’approche de mes 26 ans, j’avoue avoir mal au coeur car je ne te connais toujours pas. Comme je l’avais dit dans l’article de fête des pères, j’ai cru jusqu’à mes 18 ans que tu attendrais ma majorité pour donner signe de vie. 8 ans plus tard, la petite Megan attends toujours, telle une enfant sur une chaise, les mains sur les genoux, qui fait des va-et-viens avec ses jambes pour passer le temps.

Tu es un inconnu et je n’existe pas pour toi. Ou du moins, ça me glace le sang mais effectivement la vérité est bien là : on ne peut pas dire que je n’existe pas, car tu m’as vu grandir au tout début. Je n’existe donc PLUS. Tu m’as rayé de ta vie, aussi simplement qu’on oublie à jamais une amourette de vacances ou un pote du collège. Et c’est là qu’avec toute l’ouverture d’esprit du monde, je n’arriverai jamais à comprendre comment tu peux, encore aujourd’hui, vivre avec un tel fardeau. Mais est-ce réellement un fardeau pour toi, autant que ça l’est pour moi ?

J’ai ce sentiment étrange de colère et de tristesse, j’aimerai tant comprendre comment tu as pu vivre ta vie comme ça. Comment tu as pu laisser une petite fille de 6 ans sans papa… Comment tu as pu te coucher environs 7300 soirs et te lever 7300 matins en te regardant dans la glace.

La seule chose pour laquelle je pourrais te remercier, c’est de m’avoir donné cette colère qui gronde en moi. Celle qui m’a donné la force et la gniaque d’avancer dans la vie contre vents et marrées.

J’aimerai parfois avoir le courage de prendre mon téléphone et t’appeler. Je sais que je pourrais retrouver ta trace assez facilement. Mais je suis face à un dilemme aussi immense que sans fin.

Car je ne sais absolument pas ce que je pourrais en tirer. En soit, toutes les issues sont mauvaises, quoi que je fasse. Je pourrais encore attendre une éternité, 8 ans, 20 ans, 30 ans de plus, et vivre avec cette foutue fracture. Ce sentiment d’inachevé, pour moi qui vais toujours au bout de mes idées et de mes projets quoi qu’il m’en coûte.

Ou alors, je pourrais prendre ce fameux courage à deux mains. Mais ce serait comme ouvrir une boite maléfique, où on a 10 fois plus de chances d’en ressortir détruite plutôt qu’heureuse.

Peut-être apprendrais-je que tu es malade, voir que tu es mort. Car je sais que tu n’es plus tout jeune. Et je serai envahie de culpabilité de ne pas avoir eu le courage plus tôt.

Ou alors, je découvrirais terrifiée que tu ne te souviens pas de la petite fille que tu as abandonné. Ou pire, que tu t’en souviens bien, mais que tu t’en fous.

Ou enfin, je me rendrais compte que quoi qu’il en soit, 23 ans ne se rattrapent pas. Ce temps est perdu, pour toujours. Et que tu es peut-être mon géniteur, tu n’en seras jamais mon père.

En fait, c’est bien ça qui me fous le cafard ces derniers jours. Ce n’est pas toi qui me manque. C’est le fait de devoir faire le deuil de 20 ans d’histoire père-fille qui n’existeront jamais. Car impossible de retourner ce sacré sablier de la vie.

Le plus difficile je pense, c’est d’être seule face à cette histoire. En effet, personne ne peut vraiment comprendre ce sentiment mis à part les personnes qui vivent la même chose. Alors on se tait, jusqu’au moment où la cocotte explose. Et puis de toute manière personne ne pourrait vraiment réussir à trouver les mots justes pour soigner cette blessure insoignable.

Heureusement, cette colère en moi s’estompera demain car la vie est bien faite : on oublie. Puis franchement, il y a pire, bien pire. J’ai la meilleure famille au monde, je donnerai ma vie pour les miens. Vu comme ça je relativise vite. Demain, je rigolerai à nouveau, demain tout sera oublié… Demain, j’aurai 26 ans.

En plus, comme le sort s’acharne souvent très fort en peu de temps, j’ai eu le plaisir de me fêler le petit orteil en faisant tomber mon macbook dessus (oui je suis une bolosse), j’ai la chance d’avoir des béquilles pour la première fois de ma vie (et dieu sait que quand j’étais petite je rêvais d’en avoir parce que c’était trop la classe), du coup j’ai un peu arrêté de penser à tout ça par la force des choses, et c’est pas plus mal !

Ps : un petit message destiné à un autre homme qui a fait quelque chose d’énorme pour moi : tu m’as fait confiance à deux des plus grosses étapes de ma vie d’adulte, tu m’as aidé, et je te dois bien plus que tu le penses. J’aurai aimé avoir un père comme toi. Merci alors si tu passes par la Dom, sache que je n’oublierai jamais tout ce que tu as fais et ce que tu fais encore pour moi aujourd’hui.

PPs : Je n’oublierai non plus jamais ce que VOUS TOUTES faites pour moi, jour après jour. J’ai l’impression que nous sommes une famille immense, et ça me donne une force surhumaine. Je suis tellement fière de vous présenter chaque petit article, petite recette, petite vidéo, petit look, exactement comme la petite Megan était fière de présenter son dessin moche à sa maman. Alors une fois de plus, je vous le dis :

Chères lectrices (et lecteurs, on ne vous oublie pas !), je vous aime.

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423 Commentaires

  1. 28 février 2017 / 20 h 35 min

    Article très touchant ma belle, pour ma part j’ai aussi eu des périodes difficiles avec mon père mais j’ai tout de même la chance de pouvoir continuer à le voir de temps en temps.
    J’ai une maman en or qui m’a donné tout ce dont j’avais besoin et auquel je suis très très attaché, elle est tout pour moi.
    Je t’embrasse très très fort, et je suis contente de faire parti de cette jolie family virtuelle qui t’entour ❤️

  2. Salomé
    28 février 2017 / 20 h 35 min

    Tu m’as fait pleurer ..
    je ne commente jamais mais là je ne pouvais pas faire autrement.
    Je te comprends tellement .. tu n’es pas la seule et on est pas seules, malheureusement. Je suis comme ça moi aussi toujours le sourire, cette force de vivre due à nos épreuves et au fond cette blessure, qui, comme tu le dis réapparaît comme ça, sans crier gare. Et on n’est pas les plus malheureuses c’est sûr mais ça fait du bien d’expulser, d’en parler, de ne pas refouler, de voir qu’on est entourées et qu’on peut nous comprendre. Parce que l’absence d’un père, Quoi qu’on en dise, ça a bouffé une part de notre confiance, du moins je le pense. Mais ça nous a forgé et ça t’a forgé toi: regarde où tu en es aujourd’hui, Tout ce beau chemin parcouru. Tu peux être fière de toi, tu le mérites!
    Plein de bonheur pour cette 26eme année et toutes celles à venir
    Kiss

  3. Lucie
    28 février 2017 / 20 h 36 min

    Coucou Megan,

    Je ne commente jamais je l’avoue (d’ailleurs il faudrait sûrement y remédier) mais j’avoue que là ton article est tellement touchant..
    Je t’avoue qu’il n y a pas de mots pour décrire ta situation je ne peux pas la comprendre car j’ai mon papa mais je peux imaginer ta situation il y a des choses dans la vie inexplicables, des actes que font les gens que je n’arriverai jamais à comprendre mais saches qu’on est la et ta famille aussi c’est ca le plus important que tu sois entourée malgré son absence.
    Je pense aussi que lire ton article nous fais prendre conscience de la chance d’avoir certaines personnes dans notre vie.
    Tu es une personne tellement joyeuse j’espère que tu retrouveras vite le sourire. Et je profite de ce message pour te souhaiter un bon anniversaire un peu en avance 🙂
    Gros bisous et restes comme tu es je suis fan de ta personnalité (et une grande adepte de ton snap!)

  4. Dich
    28 février 2017 / 20 h 36 min

    Et voilà, mon petit coeur d’artichaud n’a pas sur rester fort, j’ai versé ma larmichette ♥️ #EtPuisIlYAAussiLaMoute ♥️

  5. Anne-Lise
    28 février 2017 / 20 h 37 min

    Je suis touchée par ton article confidence Megan … Je suis désolée pour toi qu’il t’ait manqué un (re)père dans ta vie … Je ne sais quoi dire … Je ne peux pas me mettre à ta place et même quelqu’un qui vit la même situation ne peut pas, chaque situation est différente je pense. En tout cas comme tu dis, il faut voir les bons côtés que cela a eu sur ton caractère et ta force ! Tu es une personne vivante, qui a la gnac, de l’humour à en revendre, une vraie force, un caractère, une personnalité … Tu es vraiment une belle personne Megan ! Demain est un autre jour et quel jour ! Demain c’est ton jour ma belle ! Je pense bien à toi ! J’espère que tes orteils vont mieux, que tu t’éclates avec tes béquilles mais pas trop non plus, il serait dommage de se blesser ailleurs ! Je te fais plein de gros bisous !
    Ta dernière phrase m’a fait penser à la chanson de Céline Dion « Je ne vous oublie pas », c’est nul mais il fallait que je le dise ! C’est cadeau !

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