
Aujourd’hui on est dimanche, et en plus, c’est la fête des pères ! Trop de bonheur en un seul concentré de 24h ! Alors, vous lui avez offert quoi vous, à votre papa ?
Les plus observatrices d’entre vous auront remarqué que je ne parle jamais du mien. Je vous parle beaucoup de ma Maman, j’avais déjà vidé mon sac avant sa guérison, quand elle était malade.
C’est vrai, je n’en parle jamais. Et je ne comptais pas en parler. Et puis plusieurs semaines que la fête des pères approche, et que je me demande si j’en parlerai ou pas. Au moment précis où j’écris ces lignes, je ne sais toujours pas si je vais publier ce texte ou non.
En réalité, j’étais entrain d’écrire un autre article humeur sur un tout autre sujet, et puis l’envie a été trop forte.
Cher Papa, ou du moins, cher toi. Oui toi, que je ne peux pas appeler Papa tellement ce qualificatif si affectueux ne sied pas à ton mérite.
Moi qui m’interroge tous les jours sur ta capacité à vivre au quotidien une vie normale, malgré le spectre fantomatique de cette décision que tu as prise il y a maintenant 25 ans: celle de ne pas reconnaître ta fille dès sa naissance. Toi qui a réussi à transformer le plus beau jour de la vie de tous les êtres en faux départ compliqué pour une petite fille.
Toi qui a appelé à la maison le jour de mon sixième anniversaire. Tu se souviens ? Moi oui. Le coup de fil que j’attendais secrètement chaque année, et dont l’inexistence me forçait à souffler mes petites bougies en ayant la tête ailleurs, pleine de tristesse et de questions. Et bien ce jour là, le téléphone a sonné. J’ai décroché. Et c’était toi. Et tu m’as simplement demandé de te passer ma maman, sans même me demander comment j’allais, et encore moins pour me souhaiter un bon anniversaire. Oh oui. Je ne saurai jamais si tu l’as fait exprès, mais tu as fait fort sur ce coup là. Et crois moi que je regrette souvent de ne pas avoir eu plus de caractère du haut de mes 6 ans pour te mettre face à tes responsabilités ce jour là.
Te souviens tu au moins de mon prénom ? De mon visage ? Toi qui es resté dans les parages jusqu’à mes 3 ans – 3 ans et demi sans daigner me considérer comme ta fille.
Il faut que tu saches quelque chose: je dois te remercier. Car ma vie sans toi a toujours été une superbe aventure.
Grâce à toi, j’ai offert à ma mère le plaisir ultime de choisir « maman » comme mon tout premier mot de bébé.
Grâce à toi, j’ai développé des liens indescriptibles avec mes grands parents, bien plus que le commun des mortels avec leurs aînés.
Grâce à toi, j’ai des liens fusionnels avec ma mère totalement inégalables. Je vis chaque jour pour la rendre fière car elle m’a tout donné.
En parlant de Maman, sache qu’elle a été un bien meilleur père que tu ne l’aurais jamais été de ta vie. Alors au passage, ma chère Maman, je te souhaite une très bonne fêtes de pères, tu l’as mérité.
Et toi Papy, toi qui m’a appris à lire l’heure de ma montre à 5 ans, toi qui m’a appris à dessiner sans dépasser, toi Papy, qui m’a appris à prononcer correctement le son ‘r’, qui m’a appris à me servir d’un compas à 7 ans pour faire de jolies rosaces, qui a réparé mes tamagotchi, qui m’a appris à jardiner, et bien à toi aussi, je te souhaite une bonne fête des pères car tu as fais tout cela mille fois mieux que n’importe qui aurait pu le faire.
Et oui tu sais, personne n’est irremplaçable, et on s’est vite organisé sans toi, quand Maman venait me chercher à l’école, me déposait chez Papy et Mamie, avec qui je passais des moment si précieux pendant qu’elle allait travailler comme une acharnée jusqu’à tard le soir dimanche compris, et qu’elle revenait me chercher en pleine nuit chez mes grands-parents pour me ramener à la maison en me faisant un bisou.
Évidemment, ça n’a pas toujours été si simple. Petite, quand j’ai dû chaque année me coltiner des discussions avec mes maîtresses d’école lorsque la petite Megan n’était pas capable de mentionner le métier de son Papa sur la fiche bristol de début d’année. Lorsque mon école forçait ma mère à me faire voir un psy, car la monoparentalité était si peu acceptée à l’époque, d’autant plus pour une fille unique, qu’on pensait que j’allais devenir détraquée du cerveau.
Ou encore, lorsque je faisais des cauchemars la nuit, où j’avais l’impression de deviner ta silhouette derrière les rideaux de mon armoire, et où Maman devait venir me chercher en pleurs dans mon lit pour m’emmener dormir avec elle.
Mais à part ça, je vais être complètement honnête, tu ne m’as absolument pas manqué. En vrai, je pense que je me suis toujours totalement voilé la face à propos de ma situation. Je n’avais pas « pas de père », j’étais juste différente. Et c’est d’ailleurs ce qui a toujours fait ma force, celle de me savoir différente et de toujours travailler en ce sens pour me démarquer des autres.
Oui, tu le vois, ce poignard virtuel que tu m’as lâchement enfoncé dans mon petit dos de bébé, ce handicap invisible que tu m’as infligé pour le reste de ma vie, et bien c’est au final un énorme cadeau que tu m’as fait.
Car c’est autour de cette cicatrice que je me suis forgée, que j’ai appris que la haine et la rancoeur envers toi (ou envers quiconque) ne me ferait du mal qu’à moi, que j’ai appris à ne pas me laisser abattre face aux difficultés de la vie, que j’ai appris à relativiser les problèmes, et surtout que j’ai appris que le bonheur était l’essence même de la vie, et était capable d’effacer toutes les blessures, mêmes les plus profondes.
Alors oui, je ne saurais jamais si en vrai tu es un papa poule, une papa tyran, un papa drôle, un papa présent ou absent, et de toute façon je m’en fous.
Une fois de plus, ton inexistence a finalement été ce qui m’est arrivé de mieux dans ma vie. Car avec toi, rien aurait été pareil, et au mieux du mieux, ça aurait peut être pu être presque aussi bien. Et encore j’en doute, vu ce dont tu as été capable, je sais au fond de moi que tu n’es pas une bonne personne.
Je vais être honnête avec toi, il y a quand même toujours cette épine dans le pied qui me chatouille plus au moins fort au gré des saisons : Pourquoi ? Comment ? N’étais-je pas assez bien pour toi ? Comment peut on vivre avec ça sur la conscience ? Comment peut-on être suffisamment dénué de toute humanité pour ne pas mourir d’envie de savoir si la chair de sa chair va bien, à quoi elle ressemble, qu’est ce qu’elle devient ? Tout cela m’échappe.
Sache que j’y pense de plus en plus. Je sais que tu existes, je sais dans quelle ville tu habites, je sais que tu as refait ta vie tout à fait sereinement, et je parle même avec certains de tes enfants (d’une autre union, bien avant ma mère et celle que tu vis actuellement, tu en as du succès!) sur Facebook. Et je sais que non, tu ne parles jamais de moi.
J’ai toujours voulu grandir vite, en me disant que tu essaierais peut être de me revoir une fois majeure. Quelle naïve j’ai été !
Peut être qu’un jour j’aurai le courage de rentrer en contact avec toi. Pour faire quoi ? Pour répondre à ce dilemme permanent de ma vie : est ce que je t’aime ou te déteste ? Si tu étais en face de moi, aurais-je envie de te raconter fièrement ce que je suis devenue, ou voudrais-je plutôt te renverser la carafe d’eau sur la tête et te faire un condensé supersonique de toute la misère que je pourrais mettre à quelqu’un en seulement 5 minutes ?
Et surtout, j’aurai enfin la réponse que toute petite fille abandonnée se posera légitimement toute sa vie : en as tu autant souffert que moi ?
Quoi qu’il en soit, je le répète, je souhaite une heureuse fête des pères, énorme et méritée, à ma Maman, à ma Mamie, et à mon Papy. Vous avez été le père dont n’importe qui aurait toujours rêvé, et je vous doit absolument tout. Je vous aime.
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Je te suis depuis pas super longtemps (Barcelone avec Undiz) ;
Je regarde tes snap chaque jour.
Et en voyant ce snapp ou tu filmais le titre de cet article ça ma fait forcément réagir, parce que depuis petite je dit cette phrase a ma maman systématiquement à chaque fête des « pères »
C’est pas toujours facile de parler de ça à quelqu’un et je dois te félicité pour ce magnifique article qui ma beaucoup émue! Continue comme ça tu as beaucoup de potentiel.
Que Dieu te protège
XOXO
Merci beaucoup Natalia !!! Bon courage et belle journee 🙂
Salut Megan ! Je te suis quotidiennement depuis quelques mois maintenant, je ne t’ai jusqu’ alors jamais laissé de commentaires, cependant en lisant ce texte, où tu dévoiles tes sentiments à propos de ton père j’ai été très touchée. Je me suis reconnue dans tes mots. C’est tellement personnel, je te remercie de nous partager ainsi ta vie. Il se pourrait qu’une larme ou deux aient coulées… Je te comprends parfaitement que tu ne veuilles pas avoir de contacts avec ton père, [si tu considères que cette question est indiscrète, excuses-moi, je voulais simplement un conseil par rapport à cette situation de ton point de vue], s’il en advenait qu’il te contacte et veuille discuter avec toi, pourrais-tu envisager de lui parler malgré les années qui ont passées où tu avais encore espoir en un appel ou un simple signe de sa part ? Merci.
Tu es géniale! #teamsnapmegan A bientôt !
Hello Clara !!! S’il me contactait, je répondrais, mais je doute que l’on construise une quelconque relation. 🙂
En tout cas ma jolie, tu peux être fière de ce que tu es devenue, grâce a tes proches mais aussi à toi même. Je te fais de gros bisous, ce texte m’a beaucoup touché, il est tellement bien écrit <3
Merci pour ce magnifique arcticle. Alors non, je ne peux pas te dire que je ressens la même chose que toi, loin de la. Mais cet article m’a énormément touché. En ce qui me concerne, j’ai perdu mon père il y a bientôt 2 ans. Tout le monde me croient hyper forte puisque je souris tout le temps, mais ils ne me voient pas lorsque je suis seule. Alors certains jours ça ne va pas, je ne suis pas dans mon assiette, et je me prend des réflexions (« t’es pas marrante » « t’as changé » « tu rigoles pas comme avant, tu es plus calme ») alors oui, je peux les comprendre, parce que oui, j’ai changé, mais au final, c’est eux qui n’y comprenne rien. J’apprends tout doucement à vivre sans lui, et c’est pas facil tout les jours, surtout le jour de la fête des pères, ou la seule chose à faire est d’aller au cimetières mettre une fleur, alors qu’il les détestait…
Bref, soyons forte, soyons souriante, on a qu’une vie, et on doit en profiter
Pleins de bisous, reste comme tu es, et continue comme ça
Allé je me lance, dans ce fameux « premier commentaire »… Je te suis depuis maintenant depuis quelques mois, tu es tellement attachante. Megan, cette article m’a mis les larmes aux yeux, vraiment. Je n’ai rien vécu comme toi, je n’arrive même pas à imaginer comment c’est possible d’ailleurs. Et ça fait tellement plaisir de te voir chaque jour, forte, battante, pétillante avec le sourire et la bonne humeur. Tu es un modèle, crois moi. Je ne peux dire que c’est beau, en dessous-de cette article là, mais t’es vraiment incroyable. C’est vrai que je me posais des questions concernant ton papa, mais il ne met jamais venu à l’idée de te poser des questions tellement c’est personnel. Et bien franchement t’es incroyable de ne pas nous montrer une seule seconde ce que tu vis intérieurement chaque jour. Restes comme tu es, la meilleure Je te promets de laisser des commentaires plus souvent sur ton blog (mais si je lis à chaque fois tous tes articles!). J’espère vraiment te rencontrer un jour où je monte sur Paris!
Bon courage pour la suite jolie Megan.
Waouh quel article, c’est vraiment touchant ! Merci de partager ça avec nous, même si ça n’a pas dû être facile à écrire… (Te voir sur snap, parler de cette article m’a tellement émue.)
J’ai eu la chance d’avoir mes deux parents mais mon papa a été malade il y a trois ans, et depuis qu’il a vaincu sa maladie nos liens ce sont encore plus renforcés donc je comprends que tu sois si fusionnelle avec ta maman surtout si tu n’as eu qu’elle, ainsi que tes grands-parents.
En tout cas te suivre chaque jour est vraiment un plaisir que ce soit sur ton blog, YouTube et même Instagram et Snapchat.
Continue comme ça et fais surtout ce que aimes, tu le mérite tellement.
Belle soirée. Bisous bisous
Méryl