
J’ai commencé à vous parler du fait que j’étais assez Hypersensible dans mon article « Savoir encaisser les critiques : une question de survie » de dimanche dernier, et vous avez été très très nombreuses à vouloir en savoir plus.
L’hypersensibilité, c’est quoi ?
Pas de panique, on ne parle pas ici d’une maladie, loin de là, mais juste d’un trait de caractère qu’on a plus ou moins au fond de nous. Et comme tout trait de caractère, il y a des bons et des mauvais cotés.
Selon le docteur Elaine N Aron, les hypersensibles représentent environ 20% de la population, dont 30% sont extravertis et 70% sont introvertis.
C’est un trait de caractère avec lequel on nait, et dont le degré d’intensité et d’évolution va évoluer en fonction, notamment, de l’enfance, et de l’environnement dans lequel on grandit.
Souvent, la confrontation à des épreuves difficiles, ou une « différence » avec les autres enfants peuvent jouer un rôle déterminant.
Mais alors, en quoi ça consiste ?
D’abord, les hypersensibles sont « à vif » émotionnellement. Un peu comme si on était sur le fil en permanence, capable de passer du rire aux larmes, de la quiétude au stress intense, de la détente à l’agressivité en une seconde à cause d’une contrariété. Une mauvaise nouvelle, une erreur de notre part, une injustice, et tout s’effondre.
Pour faire une petite métaphore qui sent bon l’été, c’est comme ci cette vaguelette qui mouillerai à peine certains serait un tsunami dévastateur pour nous.
Par exemple, lorsque j’ai une grosse contrariété, je suis incapable de faire quoi que ce soit d’autre d’y penser. Je suis obligée de tout arrêter pour m’y consacrer en espérant arranger la chose.
Je suis totalement incapable de continuer ma journée comme ci de rien n’était en ayant une boule au ventre, en repoussant le problème à plus tard. Je dois le résoudre avant d’espérer pouvoir faire quoi que ce soit d’autre.
Pour le coup c’est totalement contraignant, car d’abord ça arrive que ça me pourrisse la vie, puisque si c’est un truc que je ne peux pas arranger, et bien je reste bloquée dans ma situation négative pendant plusieurs heures, voir jours.
Et surtout, cette incapacité à calmer mes émotions, pour régler le problème plus tard, « à froid », me fait réagir parfois trop vite « à chaud », et il peut m’arriver de le regretter par la suite.
J’ai un peu tendance à partir trop vite en besogne sur des trucs, à me miner, puis découvrir 2h plus tard que ce n’était qu’un malentendu.
Ça marche aussi pour des choses plus légères, comme la tristesse. Impossible pour moi de ne pas pleurer devant un film Pixar, j’adore les films tristes mais je redoute de les regarder car ça peut me miner pour plusieurs jours sans aucun problème.
Il m’est même arrivé de pleurer dans le métro après avoir vu une personne âgée SDF, avec qui j’avais échangé un regard, et qui m’avait fait penser à ma grand mère. Je me souviens être revenue sur mes pas en essayant mes larmes pour lui donner de l’argent.
Par contre, un bon film ou une belle histoire me transporte très très très (trèèèès) loin dans ma tête.
Enfin, j’ai beau me faire une carapace, la moindre attaque personnelle (comme je vous l’expliquais la semaine dernière) est vécue comme un coup au coeur. J’ai appris à être forte donc je surmonte, mais non sans douleur. Même un simple commentaire bête et méchant sur Insta peut me retourner de rage, à me demander comment on peut être aussi bête / méchant, à essayer de comprendre ce que j’ai fait de mal, pourquoi on me dit ça, est ce que je mérite vraiment ma place, et si finalement tout ce que je faisais était nul etc… Comme je vous disais, je pars un peu vite en besogne parfois.
Les hypersensibles sont aussi « à vif » physiquement. Les sens sont plus à fleur de peau. Par exemple, en ce qui me concerne, je suis très (trop) sensible aux sons forts et répétitifs. Quelqu’un qui fait du bruit à coté de moi en mangeant, en bougeant ou même en respirant me rend totalement à cran, je n’arrive pas à faire abstraction. Un son répétitif à travers la fenêtre (je ne sais pas moi, par exemple le put**** de chat des voisins de l’immeuble d’en face qui miaule toute la journée à intervalles réguliers d’environs 15,2 secondes) peut totalement m’empêcher de me concentrer, puis va m’énerver, au point de me bloquer totalement.
Au cinéma, les séquences trop fortes sont difficilement supportables, les sons dans la rue type moto bruyante ou sirène me dérangent.
Idem pour les odeurs. Toutes les odeurs trop fortes sont difficiles à canaliser (par exemple faire un long shopping chez Sephora s’apparente à une épreuve de Koh Lanta pour moi), et les gens aux odeurs bizarres (je ne vous fait pas de dessin) me repoussent plus facilement.
On dit aussi que les hypersensibles sont plus embêtés par les lumières fortes (pas vraiment mon cas pour le coup), ont la peau plus sensible (étiquettes qui grattent, allergies…) ce qui est mon cas puisque je marque hyper vite (si je me griffe légèrement le bras, je vais être rouge en 0.2 secondes et j’aurai encore une marque 2 semaines plus tard).
Enfin, le goût n’est pas sans reste, je suis incapable de manger un truc avec un gout chimique (les trucs « goût » chocolat, « goût » fruits rouges c’est pas possible, alors que j’adore les deux).
De manière générale, on dit que les 5 sens sont plus développés et sensibles. Le cerveau a une plus grande capacité à emmagasiner et analyser des informations simultanées.
Le problème, c’est que toutes ces stimulations extérieures (bruits, odeurs, température, images, foule, discussions etc…) ainsi qu’intérieures (faim, soif, douleurs, sensations etc…) amènent à l’hyperstimulation. Cela peut amener le plus souvent de la grosse fatigue (perso j’ai la sensation permanente d’être crevée), voir maux de tête (je fais des crises migraineuses plusieurs fois par an), palpitations du coeur, réactions excessives etc…
Et à l’inverse, ça peut totalement empêcher de dormir, voir amener à des insomnies (je suis archi crevée mais impossible de dormir avant 2h du matin alors que je ne me lève quasiment jamais après 8h)
Par contre, ce sur-développement des 5 sens amène souvent à « l’apparition » d’un 6ème : l’intuition.
Je peux vous dire que lorsque j’ai découvert ça en me renseignant sur l’hypersensibilité, j’étais vraiment heureuse, car j’ai toujours eu la sensation d’avoir ce 6ème sens, notamment avec mes proches malgré la distance (2 semaines avant que ma mère ne m’apprenne son cancer, quelques jours avant que mon grand père se fasse hospitaliser etc…) mais on ne m’a jamais prise au sérieux. C’est comme si je me sentais mal, sans savoir pourquoi, avec un message qu’on essaie de m’envoyer mais que j’ai du mal à décrypter. Bref.
Plus simplement, j’ai souvent tendance, sans m’en rendre compte, à anticiper des trucs qui finissent par se produire, que ce soit en perso ou pour le boulot, et c’est assez cool.
En dehors des sens, les hypersensibles sont très dépendants du regard des autres, et ont besoin de vivre dans une certaine harmonie autour d’eux. Ils détestent les conflits, et font tout pour éviter qu’ils apparaissent.
En ce qui me concerne, je met énormément de temps à donner ma confiance, de peur d’être déçue ou blessée. Mes amies se comptent sur les doigts d’une main, même si je suis très extravertie et que je n’ai aucun problème à me mélanger à des gens que je ne connais pas.
Cela n’empêche que il m’est pas mal arrivé dans le passé d’être profondément déçue par des gens. Peut être parce que j’en attendait trop, étant capable de tout leur donner malgré le fait que ce n’était « qu’une » amitié. Et j’ai eu du mal à m’en remettre à chaque fois !
Les hypersensibles ont peur de décevoir leur entourage et d’être rejetés, voir abandonnés.
Je vous disait au début que l’hypersensibilité dépend beaucoup de l’enfance. Avoir été abandonnée par mon père que je n’ai quasiment jamais connu a surement été un gros élément déclencheur, une blessure que je peine encore à cicatriser aujourd’hui.
Tout ça est bien beau, mais être hypersensible, c’est aussi beaucoup de bonnes choses.
Il semblerait que les hypersensibles utiliseraient plus l’hémisphère droit du cerveau que la moyenne. Couplé à leurs sens plus développés, ils ont un goût prononcé pour la création, l’artistique. Art, peinture, musique, écriture etc.
Je pense qu’on peut facilement dire que ça a beaucoup joué pour mon Bac+5 en design graphique et mon amour pour la mode, l’écriture sur ce blog, la photo, l’écriture et la réalisation de vidéos ! C’est con, mais quand j’ai découvert ça, ça m’a fait tout drôle !
Surtout, être hypersensible offre une immense capacité d’analyse et d’empathie. On est souvent la bonne copine qui donne pleins de conseils, même si on en aurait besoin de plein nous aussi. On a tendance à vachement ressentir l’intérieur des gens. Impossible de cacher votre émotion, voir de mentir à un hypersensible, qui vous percera à jour en 2 secondes.
Cette capacité d’empathie est très utile dans la vie de tous les jours. Sans en avoir conscience, cela aide beaucoup dans la relation avec les gens autour de soi.
Chaque personne est différente, et cette capacité permet d’avoir plus facilement le « mode d’emploi » des gens, pour savoir comment agir et se comporter avec eux de manière à… éviter le conflit (ou passer du bon temps avec, question de point de vue).
Par contre, on a vite fait d’agir contre son gré pour arranger les choses, et par conséquent à être plus rapidement irritée par les gens. On sait comment agir pour que ça se passe bien, mais au fond, on n’arrive pas à faire semblant.
Cette capacité à capter les informations offre aussi une très bonne mémoire à long terme. Ça m’est souvent arrivé de cramer des gens qui mentaient parce que je me souvenait très bien d’un tout petit détail qui datait de plusieurs années. Vu comme ça, certes, ça ne sert à rien. Mais par contre, quand il s’agit d’écrire des articles ou des vidéos, de composer une tenue, une création artistique ou de prendre une photo, le cerveau propose plus facilement un panel d’inspirations, enfouies dans notre mémoire au fil des années pour nous aider à créer.
Les hypersensibles ont aussi tendance à vivre bien plus intensément les moments simples de bonheur. Pas besoin de grand chose. Le négatif peut être plus difficile à surmonter, certes, mais dans l’autre sens, la petite vaguelette de bonheur qui effleurerait quelqu’un peut être un tsunami de quiétude pour un hypersensible. Et ça, c’est cool.
Bref, en fin de compte, être hypersensible c’est être quelqu’un de totalement normal, mais avec certains traits de caractère un peu plus exacerbés que chez les autres.
Et puis, au fond, on est tous hypersensibles, mais à un degré différent !
Ouah c’est dingue, j’ai eu l’impression de lire ma vie. C’est exactement moi ce que tu décris. Par contre, j’apprends des choses que je ne savais pas. Par rapport aux sens plus développés. C’est vrai que tout est exacerbé chez moi, l’odorat, le goût et même le touché. Pour l’intuition, encore une fois je te rejoins. Et ce sentiment que te font ressentir les gens quand tu dis que tu savais que ça allait arriver (pur hasard pour certain, affabulation pour d’autres). Il y a des moments où l’hypersensibilité est agréable à vivre, surtout pour les bons moments. Quelque chose qui pourrait être banal, ça nous rend euphorique. Mais tout comme toi, une personne en difficulté dans le métro ou une chanson peuvent me faire fondre en larmes en deux secondes chrono. J’ai de la chance d’avoir un mari qui comprend tout ça, qui n’est pas agacé quand je pleure suivi à quelques minutes par un fou rire. Je suis extravertie, complètement. Mais tellement pas confiante envers moi. Pleine de doutes et de courage en même temps. Enfin bref. C’est comme si deux personnes vivaient en moi (et tellement plus dans ma tête mais c’est quand même moi qui commande ;-)).
Merci pour cet article Megan. Je t’embrasse.
Rolalalalala c’est incroyable j’ai eu l’impression de lire un article sur moi ^^ merci Megan
Depuis toujours on m’appelle la susceptible, celle qui prend tout mal.
J’ai appris à la suite d’une rupture y’a qq mois, en faisant des recherches, que j’étais hypersensible.
Ca m’a aidé à mieux comprendre pourquoi javais certaines réactions et depuis je le vis mieux, j’apprends à gérer différemment des autres gens.
Ce n’est pas tous les jours facile, même souvent tres dur pcq le monde est une agression permanente pour nous.
Mais j’ai choisi de mettre à profit cette caractéristique, je fais des études pour devenir assistante sociale, ce n’est finalement pas un handicap pour moi et au contraire je suis très intuitive et ça m’aide.
Pour les sons c’est pareil, je suis tout le temps déconcentrée ou agacée ^^ et pareil les marques, les étiquettes me font des griffures de folie !!!
J’ai aussi un terrain allergique très fort au niveau de la peau, eczéma, psoriasis…
Tu m’as appris qqchose concernant la fatigue, et c’est totalement vrai, je suis crevé tout le temps. J’ai besoin de dormir beaucoup mais je fais régulièrement des insomnies, tellement mon esprit est happée.
Merci Megan de parler de ce trait de caractère si méconnu, c’est important !
Une hypersensible qui se soigne 🙂
Bonjour Megan, OMG! Je me suis tellement retrouvée dans ton article (a part la mémoire car j ai une mémoire de poisson rouge ) . Je me trouvais ‘sensible’ mais n avais jamais essayé d aller plus loin dans ce constat. Idem les critiques sont difficiles à accepter sans que les larmes ne montent , je ne supporte pas les bruits répétitifs (l horreur quand tu as deux enfants), aux moindres moments intenses de leur vie je pleure (ca m est arrivé en réunion parent prof ♀️) et oui clairement je n aime pas du tout les conflits …merci pour ce belle article. J adore ce que tu fais . Continues,bravo . Bisous
Salut Megan,
Mon dieu! Je te remercie pour cet article, car tu m’as clairement OUVERT LES YEUX sur moi-même. Depuis petite j’ai toujours eu les sens exacerbés, un mini-bruit répétitif peut me rendre complètement folle, j’ai un odorat sur-développé, de très fortes intuitions…. et pour ce qui est du côté social c’est pareil! Je prends tout à cœur mais x1000, une petite contrariété peut me miner en 1 seconde pour quelques heures, je suis très (trop) souvent déçue des gens, et je pleure très souvent en voyant des personnes âgées hahaha ! C’est fou tu m’as complètement décrite de A a Z dans ton article !
Merci du fond du cœur pour nous partager tout ça, tu fais un boulot de dingue et vraiment merci du fond du cœur car tu vois, un simple article et tu as déjà aidé vraiment une personne, et je suis sure que je ne suis pas la seule!!!! Merci du fond du cœur pour tout Megan, c’est vraiment génial ce que tu fais ♡
Merci pour cet article Megan, je me sens moins seule.
J’ai même découvert des traits de sensibilisations que je n’apparentais pas à l’hypersensibilité…..mais tout est lié.
Les critiques (méchantes) m’atteignent en plein coeur au début, m’effondrent même, à m’auto flageller, à vouloir disparaître . Mais au final, j’en ressort toujours beaucoup plus forte et déterminée.
Ce n’est pas toujours évident à gérer tous ces tsunamis…encore merci pour cet article
Coucou Megan!
Je n’avais jamais mit de mot sur ma personnalité, mes proches étaient toujours là à dire que j’étais « dans l’exces » « dans l’abus » ahah maintenant je sais, en te lisant, que je suis hypersensible et que surtout je ne suis pas la seule, loin de là!! Merci beaucoup pour ton article, je t’embrasse !