Ces dernières semaines j’ai reçu énormément de messages et de commentaires trop mignons de votre part à propos de mes articles « Humeur », ou je dévoile un peu plus ma vie privé et mon passé. Du coup, j’ai décidé de vous raconter une des périodes les plus marquantes de ma vie, lorsque j’ai, pour la première fois, réellement pris mon courage à deux mains : je suis partie étudier seule au Mexique pendant 6 mois.
Tout a commencé il y a 3 ans, début 2013. J’étais en troisième année de mes études de Design Graphique. C’était le moment où il y a un choix à faire, celui d’arrêter en fin d’année avec une licence Bac +3 en poche, ou de prolonger pour 2 ans pour valider un , Master 2 Bac +5.
Comme je suis issue d’une famille modeste, j’ai dû faire un prêt étudiant pour financer mon école qui était très chère. Et la banque n’avait accepté de me prêter que le montant de 3 ans d’études.
Mais comme j’adorais littéralement mes études, j’avais déjà pris la décision de me payer toute seule ma quatrième année (la cinquième étant prise en charge par l’entreprise dans laquelle on est en alternance).
J’avais donc enchainé toutes sortes de petites boulots depuis le début de mes études (Baby sittings tous les soirs, jobs d’été et autres petits trucs) afin de réunir la somme nécessaire.
Les meilleurs élèves de la promo avaient la possibilité, en fonction de leur classement, de partir étudier 6 mois à l’étranger dans de grandes universités ou en stage. Chose que j’avais complètement laissé de coté, car absolument impossible à financer pour moi.
Je voyais tous mes amis, heureux comme jamais, sauter de joie en apprenant qu’ils partaient en groupe de 4 ou 5, tous ensemble, passer 6 mois au Canada ou au Japon, à anticiper des retrouvailles à New York et j’en passe… C’était vraiment pas facile à accepter pour moi.
Jusqu’au jour où le directeur des échanges de l’école est venu me voir, et m’a demandé pourquoi je n’avais pas posé de candidature pour partir à l’étranger, alors que j’étais bien classée. Je lui ai expliqué je n’avais pas les moyens, et il a tout fait pour me faire changer d’avis.
Il en est venu à me parler du Mexique, car c’est un pays où le coût de la vie sur place est assez faible, et il lui restait une place… seule. Tous les autres (ou presque) sont partis dans de super pays, en groupe, à louer des super apparts en coloc etc… Quand à moi, on me proposait d’être la seule de l’école à partir… Au Mexique, l’un des pays les plus dangereux au monde (Oui, le Mexique c’est 46000 homicides entre 2005 et 2011, auxquels s’ajoutent 15900 cadavres non identifiés, doublés d’une des polices les plus corrompues de la planète, quel beau programme !).
C’est à ce moment là que j’ai fait face à un des plus gros dilemmes de ma vie.
Refuser, solution de facilité, rester à Paris, payer ma quatrième année avec les sous que j’ai mis de côté, me trouver un petit stage près de chez moi, pas de contraintes, pas besoin de m’éloigner de mon copain et de ma maman, aucun risque de me faire assassiner ou kidnapper, la vie est belle… et risquer de vivre le reste de ma vie avec le regret de ne pas l’avoir fait.
Accepter, devoir trouver de l’argent que je n’ait pas, me trouver à 9300km de ma Maman et de mon chéri pendant 6 mois, avec personne sur place pour m’aider en cas de soucis, aucun Français à l’horizon, à devoir parler avec mon pauvre « Espagnol » du collège/lycée, partir dans un pays où les risques sont réels et où je n’ai juste pas du tout intérêt à tomber malade ou à avoir besoin de la police, voir même risquer de devenir la nouvelle Florence Cassez en me retrouvant mariée de force à un baron de la drogue, ou alors enrôlée par un passeur pour passer illégalement aux Etats Unis scotchée sous un camion… mais passer une vraie étape dans ma vie, être fière d’avoir eu le courage de le faire jusqu’à la fin de mes jours, et la fierté d’avoir vécu à fond cette opportunité qui ne se présente qu’une fois dans une vie.
Bien-sûr, je ne vous parle pas de tous les préjugés que j’avais sur le Mexique à ce moment là…
Des gens qui vivent h24 avec un sombrero , un poncho et une moustache (oui, même les femmes) et qui disent Aïe Caramba voir Aïe Pepito dans toutes les phrases, dans une cabane au milieu d’un désert immense avec 3 chevaux tout pelés, où tout le monde est gros et mange des fast food matin-midi et soir, où les gens transpirent en abondance dès 7h du matin car il fait 50 degrés à l’ombre, et boivent plus de Tequila que d’eau dès le plus jeune âge.
Bref, pour ceux qui me suivent, vous voyez à quel point tout cela correspond parfaitement à mon environnement habituel.
Et puis l’idée à commencé à germer dans ma tête, jusqu’à en devenir une obsession. Puis, je me suis lancée. Je me suis avalée des kilomètres de blogs et de bouquins sur le Mexique, j’ai commencé à comprendre qu’il y avait énormément de stéréotypes sur les Mexicains, que ce n’était pas si dangereux que ça, que la ville ou j’allais (Morelia) était une ville à la fois typique, touristique pour son architecture mais aussi très universitaire, que l’Université ou j’allais aller était une superbe université, que la famille d’accueil Mexicaine chez qui je vais louer une chambre est très sympa et ont 2 filles de mon âge etc…
Arrive le jour du départ.
2 Aout. Retour prévu fin Décembre. Le grand jour est arrivé, je me suis battue pour en arriver là, pour financer ce voyage, pour convaincre les gens (et surtout moi !) que c’était une bonne idée. On est à l’Aéroport, et je n’ai plus DU TOUT envie de partir. Gros calins mutuels en pleurs avec ma Maman. Première fois que m’éloigne aussi loin d’elle, et c’est pour y rester 6 mois. L’avion décolle, pour 12h de vol.
J’ai l’impression d’être une condamnée qu’on transfert vers le couloir de la mort.
Arrivée à l’aéroport de Mexico. D’abord, il pleut. Je prend un taxi conventionné qu’on peut trouver dans un coin de l’aérogare (j’ai appris ça sur internet, les non conventionné arnaquent les clients, voir leurs volent leurs valises en les laissant comme des merdes au bord de la route). 45min de taxi jusqu’au centre de Mexico, sur une route qui me fait immédiatement douter : je vois des enfants très jeunes qui mendient dans la boue, un mec qui transporte des trucs sur un âne qui ne veut pas avancer, des bidonvilles, des vieux hommes au tshirt sale assis sur un bidon rouillé et qui fument leur vieux cigare avec le bide qui déborde, me dévisageant à travers la vitre du taxi comme si j’étais un plat de Tacos XXL… Je vais vivre là dedans pendant 6 mois ?? Je fonds en larmes dans le taxi. (Peu courageuse la Megan…) Je passe la nuit dans un bel hotel, j’avais un peu prévu Je l’arrivée allait être compliquée donc j’avais un peu craqué mon slip en réservant un bel hotel à l’occidentale pour que le choc thermique/culturel/physique/psychologique/horaire ne soit pas ultra traumatisant.
Le lendemain, c’est parti pour 3h de car depuis Mexico jusqu’à Morelia. Je vais un peu mieux.
Je vais vous épargner les 34415452342 anecdotes…
que j’aurais à vous raconter sur ce voyage, ces immense amitiés que j’ai crée et qui resteront à jamais dans mon coeur, ces voyages de fous à grimper à flan de montagne assise avec mes copines sur le toit d’une jeep, quand on m’a fait goûter un cactus hallucinogène qui m’a fait plus d’effet qu’une tonne de LSD, le moment où j’ai pu nager avec des dauphins ou aider des bébés tortues à traverser la plage jusqu’à la Mer, et j’en passe… Il vous faudrait 8 heures pour lire cet article qui commence déjà à être très long ! D’ailleurs si ces histoires vous intéressent, dites le, et je vous compilerait les meilleures dans un prochain article !
Tout ce que je peux dire, c’est que j’avais loupé un détail : J’étais partie avec toute ma collection de shorts et de maillots de bains, ma mère m’avait mis environ 10 crèmes solaires dans ma valise, j’étais en mode « je reviens je suis noire ! »… Et bien au Mexique, en Aout-Septembre c’est la saison des pluies. Il fait un bon 25 degrés, mais il fait gris, et il pleut environs tous les jours la moitié de la journée, et il fait humide le reste du temps. Du coup, avec mes super cheveux, et bien j’ai en gros ressemblé à Whoopi Goldberg pendant 6 mois. Parfait !
Non blague à part, la grosse claque à l’arrivé à été l’espagnol. 7 ans de cours, au collège puis au lycée. Bah en fait ça ne sert à RIEN. Je ne savais pas parler DU TOUT. Je comprenais QUE DALLE. À peu de choses près, je répondais « Sì » à toutes les questions en espérant qu’on ne m’avait pas demandé un truc bizarre. Tout en sachant que je suis partie le 2, arrivée le 3 à Mexico, le 4 j’étais à Morelia, et le 5 c’était la rentrée à l’Université, seule Française parmi les Mexicains, la GROSSE ANGOISSE !
Et bien franchement, pour toutes celles et ceux qui ont peur de partir à l’étranger à cause de la langue, retenez bien ce que je vais vous dire maintenant : au bout d’une semaine je comprenais les mots, du coup les phrases, ce qu’on disait autour de moi. Au bout de 2 semaines je commençais à me faire comprendre en faisant un milliard de fautes. Au bout d’un mois je tenais des conversations sans trop de problème, même dans un environnement très bruyant (bar ou boîte de nuit). Et au bout de 2 mois à peine, j’étais quasiment ‘bilingue’, j’avais de vrais discussions, j’allais au cinéma et je comprenais les films…
Ce qui est super au Mexique, c’est qu’ils parlent un espagnol très très proche de celui des livres, avec un accent assez neutre (rien à voir avec les Espagnols qui avalent tous les mots, et ont 50 expressions par phrases). Du coup ça a rendu la chose un peu plus facile.
Alors franchement, les langues étrangères en cours c’est bien, mais alors en immersion totale, sans personne autour de vous qui parle Français, et en vous interdisant de prononcer le moindre mot en anglais, ça s’apprend HYPER VITE !
Bon le seul truc c’est qu’au début le cerveau travaille énormément à longueur de journée pour tout traduire dans votre tête, donc on est littéralement crevée de chez crevée, avec des migraines pas possibles. Il y a des jours où on ne veut pas sortir de sa chambre pour être sûre de ne croiser personne et de ne pas avoir à prononcer un seul mot en Espagnol. (si si, je vous assure !). C’est dingue ce que le cerveau peut faire. J’ai appris l’espagnol sans même ouvrir un livre là bas, juste en écoutant. Je pensais ne rien comprendre et pourtant le cerveau travaillait seul pour assimiler les mots et leur trouver des définitions. Il m’arrivait d’employer des mots dans des conversations et d’arriver à me demander COMMENT j’avais pu savoir que c’était le mot exacte… D’ailleurs, il m’a fallu 4 mois pour rêver en espagnol. J’étais pas peu fière les copains !
Autre chose, et pas des moindres : On a toute une image à recréer.
On a pas d’amis, personne ne nous connaît. Aucun a-priori sur votre personnalité, votre passé, vos anciens amis, vos exs etc… Vous êtes une page blanche, à vous de dessiner dessus pour montrer qui vous êtes à vos nouveaux amis. Et franchement, mon dieu que c’est plaisant d’arriver en étrangère, et de voir qu’on se fait progressivement pleins d’amis, qui nous aiment beaucoup pour qui on est VRAIMENT, et pas pour ce qu’ils savent de nous ! Quel boost de confiance en soi de voir que notre vraie personne, même un peu timide et qui parle mal la langue, plaît à des gens en qui ne nous connaissent pas !
Je ne m’étendrais pas sur la gastronomie Mexicaine… UNE TUERIE ! Tellement de saveurs, de couleurs, de viandes, de légumes, de sauces… de piments ! C’est vraiment quelque chose qui me manque cruellement maintenant.
Tout ça pour dire que les Mexicains sont vraiment des gens exceptionnels, géniaux, superbes, généreux, gentils, attentionnés, ouverts, enfin tous les bons côtés possibles chez l’humain. Franchement, nous les Français à côté, on est vraiment des bons salauds ! Ahaha
Quand à la dangerosité du pays, elle existe bien, mais il suffit de suivre quelques règles de bon sens pour ne jamais avoir le moindre problème ! (perso je me suis sentie plus en sécurité là bas que seule à Paris la nuit…)
Quoi qu’il en soit, malgré toutes les barrières qui ont pu se mettre entre ce projet et moi, cette immense réticence légitime que j’ai pu avoir au départ, j’ai passé les 6 mois les plus géniaux de toute mon existence. Je pense malheureusement que n’aurai jamais plus la chance de vivre une expérience aussi incroyable, géniale, enrichissante, sublime que celle que j’ai pu vivre au Mexique. Je pense que j’ai littéralement muri de 10 ans en à peine 6 mois.
C’est vraiment une étape qui m’a fait passer à l’âge adulte, qui m’a fait ouvrir les yeux sur la beauté du monde, qui m’a aussi, il faut le dire, offert une bien plus grande ouverture d’esprit par rapport aux étrangers, à leur culture, leurs croyances, leur gentillesse…
Alors prenez en de la graine, si un jour vous avez une opportunité, même farfelue, ne la laissez pas passer quoi qu’il en coûte ! Et si ce n’est pas pour vous, pensez-y pour vos futurs enfants ! Et si vous voulez partir en vacances dans un pays lointain, je vous cantonnez pas aux clubs et autres beaux hôtels… Sortez des sentiers battus, partez à la découverte de la population ! Vous savez, dans ce genre de voyage, le plus cher c’est l’Avion… Tant que vous vivez de la même manière que la population locale, y rester 1, 2 ou 3 mois ne vous coûtera quasiment pas plus cher !
Ouvrez les yeux sur le monde magnifique qui nous entoure, et sur les superbes personne qui le peuplent.
Vous savez, au final, la plus grosse difficulté de tout ce voyage, ça a été de repartir en France… et de mettre fin à ce qui a été la meilleure expérience de toute ma vie.
Et vous, quel a été la chose la plus folle que vous ayez pu faire dans votre vie ?
Bonjour,
Ma fille est en 3eme année à Intuit lab Aix en Provence – L’année prochaine son école est transféree à Marseille.
Son rêve ? partir en Equateur ou au Mexique
mon angoisse ? La savoir loin…. très loin et…. en Amérique du Sud là où le pays craint le plus!!!! Votre article me rassure malgré tout
récit plus qu’intéressant !
Dans le graphisme qu’est ce que cela vous a apporté d’aller au Mexique ? Est ce qu’aujourd’hui cela vous sert ?
Merci beaucoup pour cette lecture !
Coucou Megan !
Je suis tombée sur ton article en faisant mes recherches pour mon voyage. Haha il s’avère que moi aussi j’ai postulé pour partir à Puebla de aout à décembre cette année. Merci beaucoup d’avoir partagé avec nous ton expérience, ça me redonne du courage et me donne envie d’y aller. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis et franchement ça me réconforte pour mon propre voyage =)
Merci encore !
Coucou Maya !
Oh trop cool si mon article a pu t’aider à te remotiver à partir!
J’espère que tu pourras vivre une aussi belle expérience que moi ! Je te souhaite un beau voyage !:)
Des bisettes